« Bikeraft » dans les gorges de l'Ardèche

Redécouverte d'un lieu emblématique entre vélo et packraft*

*Packraft : embarcation gonflable ultra-légère à mi-chemin entre kayak et raft

Rob et Olivier ont choisi de redécouvrir les Gorges de l’Ardèche à coup de pédales et de pagaies. Parcourir ce site reconnu en bikeraft en dehors de la saison leur a permis de mêler deux perspectives et de changer de regard sur un cadre pourtant beaucoup parcouru.

Pour réaliser la boucle en une journée, ils ont emprunté à vélo la route qui surplombe la rivière pour rallier Vallon Pont d’Arc, point de départ de la section aquatique. Ils racontent leur ressenti et nous livrent leurs conseils.

Le bikeraft permet de varier les plaisirs tout en découvrant des paysages incroyables.

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Concrètement, comment transporter le vélo sur le packraft ?

Pour une première, comptez une bonne heure pour gonfler le packraft, attacher le vélo et vos affaires et vous préparer. Avec l’habitude, le tout peut être fait en une vingtaine de minutes, il suffit de retenir les gestes et de les répéter. Le positionnement du vélo sur le bateau dépend du type de vélo et du packraft. Néanmoins, pour une descente longue on enlève généralement les roues pour mieux répartir le poids sur l’embarcation. Les affaires sont gardées au sec grâce au système de stockage interne (zip étanche à l’air) qui permet d’accéder à l’intérieur des boudins. Après la sortie il est important de lubrifier la chaine du vélo et le zip du packraft, et de tout bien sécher.

Comment s'être partagés les temps de vélo et de packraft ?

Il est assez facile de passer d’un mode de déplacement à l’autre, surtout lors de sorties à la journée où on transporte peu de matériel sur soi. On vous conseillera cependant de ne pas changer de mode de déplacement (vélo → packraft ou packraft → vélo) plus de 3 ou 4 fois sur une journée, l’objectif est de prendre un max de plaisir sur l’eau et sur la route, et non de passer la moitié de son temps à préparer son équipage.

Pour équilibrer les temps à vélo et en packraft, je conseille de choisir un parcours vélo plus long, où la distance est 2 à 3 fois plus importante que celle du tronçon à naviguer. Cela permet de découvrir les environs et de réaliser un itinéraire plus esthétique qu’un simple aller-retour.

Quelle période conseillez-vous aux personnes tentées par l’aventure ?

Les températures estivales facilitent la gestion du matériel : on peut amener le strict minimum sans risquer d’avoir froid sur l’eau. Cependant, naviguer hors saison est un luxe inestimable. Passer sous le Pont d’Arc seul, admirer les falaises en silence permet de se rendre compte de l’immensité du lieu et de comprendre pourquoi il est devenu aussi célèbre.

Les gorges ne sont alors plus une attraction touristique mais une merveille de la nature.

En plus, les pluies tombent sur l’Ardèche surtout à l’automne et au début du printemps, il est alors plus facile de trouver le bon niveau d’eau qui fera avancer les embarcations et permettra d’évoluer sans gratter et abimer le lit de la rivière.

Combien de jours pour faire ce tour ? Où peut-on dormir ?

Dans sa version plus rapide, il est possible de réaliser la boucle à la journée, comme nous l’avons fait. Il faudra cependant être efficace lors des transitions, surtout si vous le faites en hiver quand les journées sont plus courtes.

Si vous disposez de plus de temps, prenez (au moins) deux jours pour prolonger le plaisir. Dans ce cas-là, il pourrait être intéressant de réaliser une boucle plus longue le premier jour, en explorant l’Ardèche au-dessus de Vallon Pont d’Arc. Vous en profiterez pour découvrir les magnifiques petites routes des environs, prendre un café et flâner dans les rues médiévales de Voguë ou Balazuc ! Dormir à Vallon Pont d’Arc vous permettra de partir directement sur l’eau et d’organiser le matériel avant d’embarquer. Vous aurez ensuite la journée complète sur l’eau, avec la possibilité de faire plusieurs pauses et de profiter des plages et des grottes cachées. Il est aussi possible de dormir dans les gorges, mais seulement aux endroits autorisés, partout ailleurs le bivouac est strictement interdit.

La pratique du bikeraft est-elle développée en France ?

Le bikeraft reste encore relativement méconnu en France, mais suscite beaucoup d’intérêt. En Europe, par rapport aux USA où le packraft est né, le réseau routier est plus dense et pour des raisons historiques les routes suivent souvent les rivières. Cela offre énormément de combinaisons et d’itinéraires possibles. Lorsqu’on a une embarcation rigide ou un kayak gonflable classique, faire la navette entre le point d’arrivée et le départ est souvent une corvée et demande beaucoup de logistique. En bikeraft cela devient une activité plaisante et ludique.

Connaissez-vous d’autres spots adaptés ?

Les possibilités sont donc très larges, avec comme seule limitation la difficulté de la rivière. Il ne faut pas s’aventurer sur des tronçons trop mouvementés car se retourner avec le vélo peut être dangereux en eau-vive. Privilégiez donc les rivières de classe I-II, il y a de nombreuses (très) belles rivières à découvrir en France ! Autour de chez nous, on peut citer la Drôme, les gorges du Gardon et du Tarn.

Et pour se procurer un packraft made in France ?

Nous vous accueillerons avec plaisir dans notre atelier Drômois ! C’est toujours agréable de rencontrer les personnes et de discuter packraft et aventures. En fonction de vos envies et de vos objectifs nous vous conseillerons le bateau le plus adapté. Comme nous fabriquons toutes nos embarcations sur-mesure en France, on peut s’adapter aux besoins de chacun.

Comment choisir son premier packraft ?

De manière générale, pour un débutant je conseille de prendre le bateau le plus polyvalent, qui permettra de progresser. Un packraft avec un pontage amovible sera le plus adapté pour de la navigation facile toute l’année car les jambes restent protégées du froid et des éclaboussures. En bikeraft, s’il fait chaud il suffit d’enlever le pontage et de le laisser chez soi pour partir léger.

Vos coups de coeur sur l’itinéraire ?

Nous avons beaucoup aimé la vue depuis les belvédères et le fait d’imaginer la navigation qui nous attendait. Après un départ matinal et la préoccupation de ne rien oublier, c’était le moment de sentir que nous étions en marche, d’entamer la découverte. Sur la route, nous avons fait la rencontre des locaux : un troupeau de boucs curieux qui voulait savoir où nous partions avec nos affaires. Nous les avons aperçus plus tard depuis nos embarcations dans les gorges !

Lors du départ sur l’eau, c’est le changement de sensation qui est très fort. Tout est calme, on entend les bruits de l’eau et de la pagaie, on a le sentiment de se lancer dans quelque chose de nouveau. A mesure qu’on avançait, nous prenions vraiment compte des dimensions de la gorge, on se sentait tout petits.

Et pour terminer, une envie ou un projet de combo sportif à venir ?

J’ai plein de projets dans la tête, presque toujours tournés autour du packraft qui ouvre tellement de possibilités ! Cela devient un jeu de regarder les cartes et d’imaginer les itinéraires possibles ! Hormis les traversés alpines à pied et les voyages en bikeraft, une expédition qui me plairait serait de combiner ski de fond et packraft. Les skis permettent d’avancer rapidement sur les paysages enneigés et se font discrets une fois sur le bateau. Ce sont deux modes de locomotion très adaptés dans les pays du nord où l’abondance de lacs et de rivières deviennent des voies d’accès aux vallons les plus reculés. La difficulté consiste à trouver la bonne période, où il reste encore de la neige mais où les rivières ont commencé à dégeler.

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