Récit d'une famille à vélo sur le canal de Bourgogne
Un couple avec 2 enfants raconte ses voyages à vélo
Le récit de Morgane et Maxime qui nous raconte leurs expériences de voyages à vélo avec leurs deux jeunes enfants ainsi qu'avec des amis.
1- Pourquoi avoir fait le choix du voyage à vélo en famille ?
Partir à vélo était nouveau pour nous. Nous le vivions par procuration par le biais d'un groupe d'amis qui le fait depuis des années. Nous avions pas encore eu la curiosité de nous pencher sur la question.
Jusqu'à présent, nous sillonnions les routes en famille dans notre combi T2 Westfalia Volkswagen avec nos enfants.
Dormir et vivre dans un véhicule comme celui-là est déjà une aventure, un retour à l'essentiel, un espace où l'on interagit et où promiscuité et gaité peuvent tout à fait s'accorder.
Notre petite tribu se plaît à se retrouver juste nous quatre, en pleine campagne, tant en bord de mer que dans les terres. C'est un art de vivre qui nous plaît et qui passe aussi par le jeu pour les enfants : dormir en hauteur dans un « lit magique » que l'on construit juste avant d'aller dormir, prendre une douche solaire (souvent froide !...), la gestion de l'eau, la préparation et le rangement du bivouac et le respect de l'environnement sont autant d'aspects du voyage à présent totalement intégrés par nos mini baroudeurs. C'est essentiellement pour le plaisir d'être ensemble, en famille, que nous partons volontiers. De manière générale, nous aimons toute nouvelle pratique sportive ou non, pourvu qu'elle soit ludique, enrichissante et divertissante.
Et plus récemment, avec nos enfants de 4 ans et 20 mois, nous découvrons les joies de la randonnée itinérante à vélo, en cortège, avec un groupe de très bons amis qui eux organisaient depuis plusieurs années des randonnées de ce type. Mais ce groupe voyageait sans enfants. De notre côté, nous aimons passer du temps ensemble, et intégrer nos enfants au maximum dans nos projets et aventures. Mais il s'agissait d'une grande première et notre envie de participer à ce voyage préparé en commun avec nos enfants restait une énigme avec de nombreuses interrogations sans réponse certaine.
2- Comment vos enfants ont-ils vécu leur premier voyage ?
Nos enfants avaient l'habitude de dormir ailleurs, dans nos familles respectives, ou bien dans notre Combi, mais nous avions jamais testé le camping sous tente avec eux. Le fait de construire sa « maison », de préparer son petit nid éphémère pour la nuit leur a beaucoup plu. Robin avait lui 3 ans et demi, et la petite Manon avait 11 mois.
Un peu jeune nous direz-vous ? Pas le moins du monde... En dépit de notre motivation certaine, le grand point d'interrogation restait de savoir si les enfants allaient adhérer toute une semaine durant au concept du nomadisme en remorque vélo.
Au final, alors que nous pensions probablement devoir rebrousser chemin au bout de 48 h suite à d'éventuelles complaintes lancinantes, les enfants ont adoré, et le groupe d'adultes a spontanément adapté son rythme habituel avec un tempo plus régulier ; départ en milieu de matinée, une partie du parcours jusqu'au petit creux de l'estomac de la plus jeune, puis encore un peu de route parcourue avant de s'arrêter pour un pique-nique en rive du Canal de Bourgogne. Enfin, il ne restait dans l'après-midi que la dernière partie du trajet de la journée à réaliser.
Les enfants ont vraiment su très vite trouver leur place et leurs repères au sein d'un groupe d'adultes et ont absolument respecté les temps théoriquement moins amusants pour les enfants, tels que l'installation et le rangement du bivouac. Notre petite dernière nous a même gâtés en nous offrant en direct live ses premiers pas toute seule sans appui dès les premiers jours de camp. Preuve en est que les petits ont adoré leur aventure,
Ils en redemandaient après l'arrivée et remontaient s'asseoir dans la remorque une fois le point de chute atteint ! (malgré la plupart des jours 4 bonnes heures passées assis par jour).
En chemin, c'était un réel bonheur de voir le plus grand chanter des chansons à sa sœur, de le voir passer son bras par dessus l'épaule de sa petite sœur pour qu'elle se repose, de les voir regarder de part et d'autre et nous indiquer des oiseaux ou animaux croisés en chemin. Cette première expérience à vélo en famille aura vraiment marqué les esprits, car notre fils en parlait partout pendant des mois, comme quoi il « était parti en vacances à vélo avec des copains » (euh... accessoirement les nôtres), mais ils ont réellement fait partie intégrante du voyage car tout le groupe s'est senti enrichi de leur présence et de leur légèreté.
Et le plaisir de voyager à vélo, c'est aussi de pouvoir profiter de chaque moment instantanément, parce que l'on peut s'arrêter partout, au gré des envies.
3- Comment avez vous choisis de parcourir le Canal de Bourgogne à vélo ? (route, lieux où dormir, points d’intérêt à visiter, etc…)
La route avait été définie en amont. Le parcours en question partait de Migennes à Dijon, à parcourir en une semaine. La majeure partie du parcours longeait le Canal de Bourgogne, mais l'itinéraire avait été étudié sur carte avant et annoté avec les noms et coordonnées des hébergements potentiels sur notre parcours. Chaque matin, nous prenions le temps de contacter le lieu d'arrivée présumé pour passer la fin de journée et la nuit.
Détail qui a toute son importance lors de la définition des étapes : prendre en compte le dénivelé du relief rencontré, car une étape difficile peut devenir une réelle épreuve physique avec l'attelage. Autre détail important : pédaler, c'est bien, mais penser à un ravitaillement régulier en eau et nourriture est tout aussi important.
Le vélo offre une liberté et une autonomie de déplacement, mais cela implique aussi de l'anticipation, car en fin de journée faire 10 km supplémentaires ou plus à cause d'un oubli de ce type peut mettre certaines personnes de mauvaise humeur !
4- A quoi faut-il penser de spécifique pour planifier son voyage avec les enfants ? (des types d’environnements, de routes, de coins idéaux ?)
En ce qui nous concernait, Papa tirait la remorque avec les deux petits, ainsi que des sacoches, et Maman tirait une remorque monoroue et avait également des sacoches. Nous étions chargés sans l'être car nous étions novices en la matière et nous ne mesurions pas encore le déroulement exact du séjour.
Nous avions 4 sacoches, ce qui correspondait à une sacoche par personne. Robin avait eu le droit, en plus de cela, et pour qu'il ait lui aussi son matériel de voyage, de constituer un petit sac à dos avec tous les petits « trésors » qu'il a voulu emmener. Tout devait rentrer dans son petit sac.
Dans la remorque, nous avions surtout prévu de quoi manger et boire pour les enfants et surtout pour la plus petite, qui n'avait pas encore 1 an, et pour laquelle nous ne voulions pas risquer de ne rien avoir à lui proposer en guise de casse-croûte. En effet, notre pacte était d'avoir deux jours d'avance de nourriture (équilibrée) pour les enfants, pour parer à l'éventualité de ne trouver aucun magasin où s'approvisionner lorsque l'on choisit de s'éloigner des sentiers battus.
Choisir des itinéraires sur pistes cyclables est certainement une solution sereine et plaisante, permettant à chacun de s'arrêter et profiter là où bon lui semble ; ce qui semble nettement moins idyllique au bord d'un axe routier très fréquenté et selon nous dangereux de par la conduite de certains véhicules à l'approche du convoi. Nous avons choisi de passer les nuitées dans des campings, car nous voyagions à 7 adultes et deux enfants, auquel cas le camping sauvage (discret) est nettement plus compliqué à mettre en application.
Mais parler de coins idéaux ? À notre sens, les enfants se sentent bien s'ils nous sentent bien. Nous prenions soin de choisir quand même des campings avec aires de jeu pour qu'ils puissent jouer sous surveillance en fin de journée et se fatiguer à souhait en courant partout pour rompre la monotonie des journées à rester passifs dans la remorque. Grand luxe, nous avions même trouvé 2 campings en chemin disposant d'une piscine, pour le bonheur des grands et des petits après une bonne journée de vélo.
5- Quel matériel les enfants préfèrent et utilisent-ils ? (Remorque, petit vélo, tricycle…)
Le choix s'était porté sur une remorque deux places, car il s'agissait d'un essai de voyage. Mais lors de notre voyage à venir cet été entre Saumur et la Rochelle, nous opterons pour une remorque chacun, car notre fils aura 4 ans et demi et a beaucoup grandi, et surtout pour que le voyage reste confortable pour eux.
Et en supplément, nous envisageons, sur recommandation, d'adapter un système de vélo suiveur Follow me qui permet d'accrocher directement le vélo de l'enfant à celui de l'adulte, afin que le plus grand puisse participer soit indépendamment en désolidarisant son vélo, et en participant activement à suivre le convoi, soit en l'accrochant derrière le vélo d'un adulte et le laisser ainsi se reposer dans la remorque à sa convenance. La suite au prochain épisode...
6- Votre expérience et l'âge des enfants ont-ils fait évoluer vos aventures ?
Notre premier essai a été fantastique et s'est déroulé sans accroc. Nous remettons ça sur le même laps de temps, une bonne semaine. Mais nous allons encore optimiser le matériel, pour se charger au minimum et profiter au maximum. Et, les enfants ayant grandi, seront plus flexibles et disposés à l'improvisation, ce que nous craignions lors de la première expédition avec la petite Manon de 11 mois.
Mais nous n'excluons pas de programmer un voyage plus long, en y impliquant pourquoi pas un fil rouge pour maintenir le côté ludique auprès des enfants, qui seraient alors tout fiers de raconter leurs aventures ensuite à l'école et aux copains !
7- Un dernier conseil pour une famille qui souhaiterait se lancer ?
Il ne faut pas hésiter à franchir le pas. Un enfant sera prêt à suivre partout ses parents si eux-mêmes y croient. Il faut rester soi et s'adapter en cas d'imprévus. Mais le fait d'être parent est déjà parfois un sport au quotidien, donc pas de souci important à craindre.
Partir à vélo rend l'aventure familiale juste encore plus fun et conviviale.
Difficile de décrire ce que sera le voyage d'une autre famille, mais en ce qui nous concerne, ces aventures renforcent un peu plus chaque fois nos liens les uns avec les autres. Et les enfants développent sans s'en rendre compte, solidarité, entraide, dépassement de soi, partage, patience, et encore bien d'autres choses !
Leur père et moi n'échappons pas aux moments de pause dans l'herbe avec les enfants qui nous sautent au cou pour un gros câlin à se rouler dans l'herbe. De grands moments de complicité et de bonheur vous attendent.
Être bien et heureux ensemble, où que l'on soit.
C'est bien de savoir se retrouver avec juste l'essentiel, juste ce dont on a besoin, à s'occuper à parler et jouer ensemble avec peu de choses, à s'amuser avec ce qu'il y a autour de nous à l'instant donné, et surtout loin des téléphones portables et autres écrans du quotidien qui interfèrent souvent dans les relations entre les gens