Cap Atlantique depuis Clermont-Ferrand
700 km en 13 étapes jusqu'à l'Atlantique
Axel, Adeline et Olivier n'en sont pas à leur coup d'essai lorsqu'ils souhaitent rejoindre le grand bleu de l'Atlantique au gré des petites routes.
Les deux "grands", Adeline et Olivier, ont déjà pas mal baroudé, et pour preuves : en 2009 déjà, ils reliaient l'Afrique du Sud depuis la France en tandem, de Paris jusqu'à Le Cap.
Olivier, plus tard, partira à la conquête des massifs montagneux français, s'échappant de cimes en cimes sur 6000 km et donnant ainsi naissance au "Livre sur le pas de ma porte"
Quant à Axel, lui aussi en avait vu d'autres : avant même d'avoir soufflé sa 1ère bougie, le voilà qui s'aventurait avec ses parents sur la plus grande traversée VTT au monde (découvrir leur livre "Prends ma roue!") ! La bien nommée "Great Divide" suivie d'une épopée au Mexique et à Cuba, rien que ça...
Mais cette fois, ce sera en France que ça se déroulera. Deux semaines de libres à l'horizon, Axel a presque 4 ans, et c'est le sable fin et les clapotis de l'Atlantique qui les attendent !
Comment vous est venue cette idée d'itinéraire ?
Nous avions envie de renouer avec l’esprit d’aventure qui nous animait lors de nos grandes traversées, mais seulement deux semaines de vacances à disposition. On a déplié la carte de France et, un peu au hasard, on a décidé de mettre cap sur l’Atlantique. L’idée était de se fixer un objectif symbolique pour donner du sens à notre périple et lui conférer un aspect ludique pour Axel.
La perspective de pouvoir faire des pâtés de sable l’a maintenu en haleine les rares fois où il a manifesté de la lassitude.
On voulait que dans son esprit cette randonnée prenne la forme d’une quête de l’océan. Pour qu’il ait une réponse simple à l’inévitable question « pourquoi on roule ? ».
À l’origine, nous voulions partir de chez nous, à Lyon, comme l’exige un vrai périple de proximité. Mais on a eu peur de manquer de temps pour atteindre notre destination. Comme il était hors de question de transformer ces vacances en course contre-la-montre, on a pris la décision d’embarquer dans un TER, direction Clermont-Ferrand. Pour être franc, prendre le train avec la remorque, nos vélos et tout notre matériel est rarement une partie de plaisir, surtout pendant les grandes vacances quand les rames sont bondées. Mais il faut reconnaître que le chemin de fer élargit considérablement le rayon d’action des cyclo-voyageurs que nous sommes. A nos yeux, cela reste le meilleur moyen pour rejoindre un point de départ éloigné.
Peux-tu nous décrire ton parcours et les territoires que vous avez traversés ?
Nous avons la chance en France d’avoir un des réseaux de petites routes les plus développés au monde. On a tracé notre itinéraire au jour le jour en privilégiant les axes les moins fréquentés et en ciblant même les pistes et les chemins lorsque c’était possible. L’idée était de nous tenir au maximum à l’écart de la circulation qui est forcément source de stress lorsqu’on pédale, en particulier avec un enfant dans la remorque.
Pour déterminer notre route, on combine cartes papier (régionales Michelin au 1/200 000e en général) et appli de planification comme Komoot. On trouve que les deux sont complémentaires.
Notre périple a débuté par deux étapes exigeantes à travers le massif du Sancy qui nous ont conduits à plus de 1200 mètres d’altitude. Puis après avoir traversé la rivière Dordogne, nous avons pédalé dans les paysages calmes et vallonnés de Corrèze avec pour point d’orgue le plateau de Millevaches. On a ensuite plongé en douceur vers la Haute-Vienne reliant des villages chargés d’histoire au fil de routes transversales tranquilles avant de gagner le parc régional du Périgord-Limousin et la Charente où le relief s’est, cette fois, adoucit franchement. En suivant quelques tronçons de la Flow Vélo, nous avons contourné Angoulême et poursuivi notre progression vers l’ouest au milieu de vignes destinées à la production de pineau et de cognac. Une dernière étape sur les routes de liaison qui quadrillent la rase campagne charentaise nous conduits jusqu’à Royan et à l’océan. En bonus, comme nous avons été plus rapides que prévu, nous traversons l’estuaire de la Gironde et suivons la Vélodyssée à travers les pins jusqu’à Lacanau où nous bifurquons vers Bordeaux via la piste cyclable aménagée sur l’emprise d’une ancienne voie ferrée. Terminus de notre périple.
Au total, nous avons parcouru presque 700 km en 13 étapes, pédalant quotidiennement entre 30 et 70 km selon le relief et la météo. Avec environ 7000 m D+, l’itinéraire, sans être excessivement difficile, est assez accidenté surtout sur la première moitié.
Quelle préparation pour un séjour comme celui-ci ?
Une préparation très courte, une soirée tout au plus, le temps de définir notre destination et d’acheter en ligne des billets de train pour Clermont-Ferrand.
Notre itinéraire a pris corps en chemin au fur et à mesure de notre progression.
Comme nous avons l’habitude de voyager à vélo, nous disposions de tout le matériel nécessaire pour donner vie à cette aventure.
Comment gérez-vous l'organisation sur la route à 3, avec votre p'tit bout Axel ?
Axel voyage dans une remorque Singletrailer de la marque allemande Tout Terrain que nous avons achetée spécifiquement pour notre périple sur la Great Divide. Il s’agit d’un modèle mono-roue très compact taillé pour le VTT et l’aventure sur chemin. Son amortisseur très efficace assure le confort du petit passager même sur les pistes les plus cahoteuses. Axel est habitué à séjourner dans ce cocon sur roue.
Pour lui, c’est à la fois sa tour d’observation, sa chambre à coucher, sa salle de jeux.
Il s’occupe en regardant et en commentant abondamment le paysage, en feuilletant des bandes-dessinées, en inventant des histoires avec les marionnettes de doigt qu’il avait embarquées pour l’occasion.
Bien entendu, c’est lui qui donne le rythme du voyage. Nous nous ménageons des pauses dès que la lassitude se fait ressentir. En règle générale, nous pédalons environ deux heures le matin et deux heures l’après-midi entrecoupées d’un long temps de pique-nique et d’activités de plein air (construction de cabanes, bricolages divers avec des bâtons, feuilles et autres éléments présents sur le sol, trous dans le sable…)
Nous stoppons notre progression vers 16h30 et prenons le goûter avant de dresser le bivouac. Si la météo est au beau fixe, nous nous contentons de déplier nos matelas gonflables pour nous isoler de l’humidité du sol (Axel possède le sien, adapté à sa taille) et dormons à la belle étoile dans nos sacs de couchage. Une expérience vraiment féérique que de se laisser tous les trois emporter au royaume des songes sous la voie lactée. Au lever du jour, nous sommes aux premières loges pour observer les chevreuils et renards qui, s’apercevant souvent de notre présence au dernier moment, s’approchent à quelques mètres. Si les conditions ne permettent pas de passer la nuit au clair de lune, nous dressons notre tente dans un bois ou un champ à l’écart des regards. Pour prendre une vraie douche, nous posons nos sacoches dans un camping tous les 3 ou 4 jours environ et n’hésitons pas à nous offrir une nuit dans un vrai lit, en auberge généralement, si le besoin s’en fait ressentir.
Nous essayons d’impliquer au maximum Axel dans la mise en place du bivouac, en transformant l’opération en une sorte de grand jeu. Il déplie, gonfle, range, expérimente dès qu’il peut.
Nous cuisinons le repas du soir sur un petit réchaud à gaz. Des produits céréaliers (riz, semoule, pâtes), des légumineuses (lentilles, pois chiche) et si possible des légumes frais, à défaut en conserve. Nous avons à cœur également de découvrir les spécialités gastronomiques locales et glissons régulièrement dans nos sacoches un fromage du cru ou une pâtisserie typique. Axel, qui allait avoir 4 ans lors de notre périple, a les mêmes habitudes alimentaires que nous et s’adapte sans trop de difficultés aux menus proposés.
Les plus beaux endroits du parcours ?
Les lacs des environs du massif du Sancy et notamment le lac Pavin. Avec sa forme presque parfaitement circulaire, ses eaux bleu-nuit et le manteau végétal qui l’entoure, ce trou d’eau d’origine volcanique profond de 92 mètres pourrait servir de décor à un film fantastique.
Le village de Treignac situé sur le plateau de Millevaches recèle des monuments historiques fascinants et atypiques. Le sommet de la tour de l'hôtel Forest-de-Faye, auquel on accède par un admirable escalier à vis, offre une vue panoramique sur cette commune paisible. On ne manquera pas de contempler la complexité du clocher « tors » de la chapelle Notre-Dame et descendre jusqu’au pittoresque pont sur la Vézère. Attention, à vélo, la remontée brûle les cuisses !
De manière générale, la traversée des petites localités de Corrèze et de Haute-Vienne comblera les passionnés d’histoire qui découvriront au hasard de leurs déambulations un donjon médiéval oublié, une chapelle romane isolée, une vieille forge abandonnée.
Tout le charme de ces pays en montagnes russes.
Le banquet villageois de Saint-Germain-les-Belles, en Haute-Vienne. Il ne s’agit pas là d’un lieu, mais d’un événement qui a marqué notre randonnée. Le concept : rassembler aux abords du lac communal, les artisans de bouche du secteur (bouchers, traiteurs, pâtissiers etc). Les convives constituent leur repas en passant de stand en stand et peuvent faire griller leur viande sur les barbecues allumés par l’organisation. Tout le monde se réunit pour manger autour de grandes tables où règnent une ambiance bon enfant. De quoi faire le plein d’énergie pour les cyclistes éternellement affamés que nous sommes et partager une tranche de vie locale.
Les vastes plages de sable fin de Royan et leurs pêcheries sur pilotis permettant la pratique de la pêche au carrelet. Un bonheur de faire trempette après de longues journées à vélo.
Légèrement à l’écart de l’itinéraire, au nord de Royan, l’emblématique phare de la Coubre, accessible par La Vélodyssée, mérite un aller-retour, tout comme le musée aménagé à son pied, qui retrace l’histoire des phares de l’estuaire de la Gironde.
Un prochain projet en vue ?
Dans un coin de la tête nous conservons l’envie d’un nouveau grand voyage à vélo. Mais pas dans l’immédiat. Quand Axel aura un peu grandi et qu’il sera en mesure d’être autonome sur son propre vélo. En attendant, nous souhaitons multiplier les périples de proximité comme celui-ci. La France est un terrain de jeu d’une diversité unique pour les amoureux de l’itinérance sur deux roues !
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